Les sept premiers jours d’un soldat dans Tsahal racontés par Ruben

Nous faisons le point avec Ruben pendant ses classes. Ruben est « soldat seul » d’origine italienne, qui compte intégrer une unité combattante et qui vient tout juste d’être appelé par Tsahal. Retour sur les sept premiers jours d’un soldat dans Tsahal – la fierté de porter l’uniforme.
Sarah B.
Samedi soir : nous prenons des nouvelles de Ruben, qui a été appelé par Tsahal, afin qu’il nous raconte ses premières réactions après une semaine à l’armée.
Tout commence par une journée interminable au centre d’enrôlement. Une série d’examens médicaux et de formalités administratives à l’issue desquelles les recrues reçoivent (enfin) le fameux uniforme, qu’ils convoitent depuis si longtemps. En effet, Ruben passe ses premières heures à l’armée avec un groupe d’autres nouveaux immigrants qui ont tous cette même motivation, si particulière, de ceux qui ont volontairement rejoint les rangs de l’Armée de Défense d’Israël. « C’est un choc. On regarde discrètement comment les copains ont arrangé leur tenue, personne n’arrive à lacer ses rangers correctement et on ne sait pas de quel côté placer le béret ». Un unique miroir, pour une quarantaine de recrues, trône dans la salle d’essayage. « A peine le temps de se regarder, dans ce tout nouvel accoutrement qui sera le nôtre pendant trois ans, qu’il faut déjà laisser la place à un autre soldat ».
« A la tombée de la nuit, nous sommes montés dans l’autobus en direction de Mihvé Alon, sans comprendre réellement ce qui nous arrivait ». Ruben le sait, cette base est spécialisée dans l’accueil des nouveaux immigrants. En tant que futur combattant qui vient de l’étranger, il y passera trois semaines, avec les autres recrues qu’il a déjà rencontrées aujourd’hui.
Extinction des feux à trois heures du matin, après avoir fait connaissance avec l’assistante sociale et leurs commandants qui les guideront dans ce nouveau monde qu’ils ne connaissent pas. « D’emblée, je me suis rapproché des autres soldats. Je ne sais pas quand viendra le premier coup de blues, mais je sens déjà qu’ils seront là pour me soutenir. »
« Le lendemain, les choses sérieuses ont commencé dès 7h du matin. Nous avons été répartis en pelotons, et la discipline stricte a été mise en place ». Ruben nous explique que l’accent est mis sur le respect des délais, tout est chronométré à la seconde près. Il faut apprendre à recevoir ses commandants, corriger en permanence son apparence en tant que soldat, et se familiariser avec les us et coutumes de Tsahal. « Je suis plus âgé qu’un soldat israélien qui a normalement 18 ans, mais certains soldats qui sont avec moi ont 25 et 26 ans, et ils ont choisi comme moi de respecter les ordres et de jouer le jeu. Agir autrement ne servirait qu’à rendre les choses plus difficiles », explique Ruben. « J’ai l’impression qu’on s’occupe de nous autrement, nos commandants vérifient toujours que nous allons bien et que nous ne manquons de rien, c’est certainement parce que nous sommes soldats seuls ».
Au détour de la conversation, Ruben nous raconte ce qu’il a vu à Mihvé Alon. Aux côtés de Ruben et ses camarades originaires des États-Unis, d’Amérique du Sud et d’Europe se tient une autre compagnie de nouveaux soldats. Ils sont originaires d’Éthiopie et sont arrivés en Israël ces trois dernières années. Ruben nous décrit ce lieu si particulier, où arrivent des soldats volontaires du monde entier : un centre d’intégration et de partage fondamental dans le pays. C’est l’une des premières particularités de l’Armée Israélienne auxquelles Ruben est confronté : des jeunes du monde entier qui se battent pour revêtir l’uniforme, et ce brassage culturel qui les rassemble pour une parenthèse de trois ans dans leur vie civile.
Ruben a encore du mal à réaliser qu’il est désormais soldat de Tsahal. Le fait d’habiter dans une base et d’apprendre à vivre comme un militaire de Tsahal ne lui a pas suffi. « Ce n’est que mercredi, quand nous avons eu notre première permission, que j’ai commencé à réaliser. Pour la première fois, nous sommes retournés dans le monde civil en uniforme, avec notre sac imposant sur le dos, et notre carte d’identité militaire en main afin d’emprunter gratuitement les transports en commun en Israël pour rentrer chez nous. Lorsque le chauffeur de bus m’a interpellé en m’appelant « Hayal ! » (soldat en hébreu) je me suis rendu compte que pour les gens du monde extérieur j’étais désormais un soldat. Mais surtout, ce qui a changé, c’est le regard admiratif et reconnaissant des Israéliens. Pour la première fois, j’ai ressenti une fierté immense en me baladant simplement dans les rues dans lesquelles j’avais l’habitude de passer comme un simple citoyen. »
La semaine prochaine sera chargée. Dimanche, Ruben et ses camarades recevront leur arme. Ils ne la quitteront plus, jour et nuit, pendant trois ans. Lundi et mardi, seuls les volontaires du peloton de Ruben pourront passer les tests de sélection pour intégrer la prestigieuse Brigade Parachutiste. Ruben s’entraîne depuis près de 6 mois pour rejoindre une unité combattante réputée. Cette semaine compte donc beaucoup pour lui.
Rétroliens & Pings
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